samedi 13 juillet 2013

De Bretagne et d'Angleterre, Chapitre 1 - 14/07/2013

Chapitre 1 - 14/07/2013

C'était pourtant un matin comme les autres. Comme les autres, mais si différent. Les matins ne revêtent que les habits qu'on leur donne.
Celui du 14 juillet vint ainsi à nous, paré de bleu - blanc - rouge, engoncé dans les restes de la fierté nationale, avec la mer en point de mire. Il y a pire matins.

Onival, sympathique bourgade entre falaises et plages à quelques encablures de la baie de Somme, n'avait été qu'un lieu de passage pour la nuit. L'occasion néanmoins la veille au soir d'assister à la retraite aux flambeaux au son de la fanfare. L'occasion pour Le_neptunien ... Ah ! Zut, je savais bien que j'omettais le détail pénible des présentations !

Nous étions donc deux à entreprendre ce voyage vers la Perfide Albion. Ou trois, peut-être. Le_neptunien, créature ailée et zélée dont l'âge importe moins qu'il n'équivaut qu'à un misérable quart du 92 d'où il est issu, mais en faisait tout de même l'aîné  du périple. Moi, beaucoup plus jeune et beaucoup moins zélé. Et Ulysse, Fiat de son  prénom, dont la seule témérité fut de supporter un bref instant ma conduite. Un extra-terrestre, une voiture et un petit corps aux ires timides, tel fut le groupement qui s'éveilla en ce jour cocardier artificiel et artificier.

C’était un matin ensoleillé, déjà presque chaud. L'absence de transition entre les caprices météorologiques printaniers et les chaleurs estivales faisait râler quelques âmes en mal d'ires (et non en Maldives ... en mal d'Yves, à la limite, mais je n'ai pas pour habitude de m'attarder sur les problèmes sentimentaux de ceux que j'invoque très malhonnêtement dans mes récits). "Et on vient nous parler du réchauffement climatique", disaient-ils en avril, ne se découvrant pas d'un fil de leurs manteaux de certitudes ; "C'est irrespirable !", s'exclamaient-ils désormais, suant et faisant suer.

Arrivés aux portes de la Bretagne nous crûmes avoir trouvé les derniers nuages de France, les rescapés, l’ultime team de clouds (j'introduis déjà ici quelques termes anglophones) en ces cieux immaculés. Mais les bords de mer baignaient eux aussi dans cette mer bleue puissamment illuminée par un soleil bien accroché. Les choses étant bien faites, l'hôtel qui nous accueillait en ce 14 juillet avait pour nom "Hôtel de la mer"; et, les choses étaient mieux faites encore qu'on le croit, la mer était effectivement là. 200 mètres de marche (ou un peu plus, ou un peu moins, la Manche ayant ses marées) et nous y étions. La plage de Pléneuf-Val-André s'offrait à nos pieds et à nos yeux émerveillés.  Les yeux surtout, les pieds étant en général moins associés à l'émerveillement sauf chez Georges Tron, à qui cela n'a pas offert que des joies - politiquement, du moins. Émerveillés, nous l'étions. Le_neptunien à Asnières et moi à Lille comme à Lyon n'avions pas l'occasion d'observer très souvent de tels paysages. La longue plage de galets embrassait la mer nourricière apaisée - le plus ancien des mariages de deux êtres féminins ! Passé le rideau de constructions récentes et touristiques à souhait (pas le notre), le couple était bordé de maison à fort accent breton - étonnant, non ? Certaines, légèrement surélevées, trônaient sur les petits reliefs qui constituent les hauteurs de la ville. Le tout agrémenté, pour le nez d'un air marin pas désagréable, pour les oreilles d'un calme relatif. Loin du brouhaha des rues aux piétons empressés, du vacarme des métros masquant un silence plus pesant qu'apaisant, ou un i-Pod en saturation de volume.

Sous ces auspices bretons et maritimes, ce jour n'était que prélude à l'aventure anglaise qui nous appelait de ses bras - et de sa manche. Le lendemain notre ferry partirait de Roscoff vers Plymouth mais cela, j'y viendrai dans peu de temps. Pour l'heure le passage via la Bretagne eut pour intérêt, outre d'en apprécier la beauté, d'assister à la prestation donnée en ce beau lieu par les Petits Chanteurs d'Asnières dans le cadre de leur tournée d'été qui les amenait par la suite jusqu'en Vendée. La chronique musicale n'étant pas ma spécialité, je passerai avec la permission du lecteur, présupposée et non donnée, sur les détails. Et, la chronique musicale n'étant pas d'avantage la spécialité du Neptunien, il se concentra sur son domaine d'expertise (la mode) en regrettant le manque de tenue des ... tenues portées par les musiciens, qui avaient le malheur de venir faire leur solos en pentacourt. Hardiesse que voilà ! Des pentacourts, en été ? Et pourquoi pas des manteaux en hiver ? On accordera au pointilleux Neptunien que la même tenue dans une soirée karaoké n'aurait pas dénoté, mais on lui objectera que l'habit ne fait pas le moine, ni le bon chanteur, surtout à 200 mètres de la mer (20 de la plage) avec le soleil s'y couchant et offrant par ailleurs aux chanteurs et musiciens de se le prendre en plein dans les yeux.

Le détail esthétique ne gâcha pas le moment, doux aux oreilles sur un vrai tableau de vacances. Pas de doute, le voyage était déjà lancé et la côte bretonne lui offrait un prologue bien prometteur. Un prologue qui s'acheva le soir par le passage obligé - mais non forcé - du 14 juillet : le feu d'artifices. Peut-être las de la mer, les locaux avaient pris le parti d'organiser celui de Pléneuf sur les hauteurs de la ville, au dessus d'un grand stade. Mais comment décrire un feu d'artifices convenablement ? Il est préférable sans doute de s'attacher à décrire les réactions des spectateurs massés au bord du stade, tous - gamins, grand-parents, quadragénaires surveillant les premiers et supportant les seconds - conservant face aux lumières proposées à leurs yeux une même capacité à l'enthousiasme sonore. Qui a dit que la routine et les traditions tuent dans l'os toute spontanéité ? Une soirée de fête nationale est l'un de ces grands moments d'optimisme et de naïveté forcenés. Ce qui empêche les Français de faire pareille fête tous les week-ends ? Le budget, la météo neuf mois sur douze ou encore un contrat social qui a fait du dimanche morne plaine...autant de raisons qui expliquent qu'aucun candidat n'ait porté en 2012 la proposition "52 fêtes nationales par an".

Comme les autres nous profitâmes du spectacle dans trop réfréner nos réactions fraîches et infantiles. Et comme les autres nous repartîmes à la fin dudit spectacle retrouver à notre hôtel notre troisième larron - Ulysse - à qui nous ne fîmes pas un récit très élaboré de la soirée. Ulysse n'ayant d'oreilles que pour les sirènes c'eut été peine perdue et se déguiser en sirènes ne faisait pas partie du programme.

Forts de cette première journée revigorante nous pouvions désormais sereinement aborder la suite du programme et la grande traversée vers les contrées britanniques hostiles. Hostiles ? C'est ce que nous allons voir ...

Retranscription de De Bretagne et d'Angleterre, de Tezorc Irtimid
Présentation et informations : Présentation
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