vendredi 19 juillet 2013

De Bretagne et d'Angleterre, Conclusion

Conclusion

Toute chose n'a de fin que lorsqu'on l'accepte. Quoique ce n'est pas vrai pour la mort qui n'attend pas toujours notre accord. Cette conclusion ne sera donc pas un mot de la fin, et elle ne conclut que ce récit.

Elle ne portera pas sur la culture anglaise: non seulement il serait prétentieux de croire en cinq jours connaître toutes les caractéristiques d'un pays doté d'une longue histoire, qui plus est avec mes yeux myopes et biaisés. Je prévenais en préface qu'un récit de voyage possède "les germes de la prétention", je vais tâcher de la cantonner à son état bourgeonnant même si le mal est sans doute déjà fait. J'anticipais aussi "Ce récit se prélassera dans des détails sans intérêt, digressera sans se dégraisser de ses futilités". De considérations socioprofessionnelles sur les serveurs/euses britanniques en charges haineuses contre les touristes dont je suis, je ne crois pas avoir failli à ma mission.

Que de détails j'ai pourtant dû oublier ! Que de petites histoires n'ont pas été contée, qui attendaient pourtant avec impatience d'être couchées sur le papier ! Que d'arrangements avec la réalité ont dû se combiner avec les oublis occasionnées par ma mémoire un peu défaillante ! Que je t'aime, comme hurlerait l'autre, toi écriture qui m'offre la possibilité de mettre en forme une histoire à peu près cohérente !

Ce récit doit beaucoup au Neptunien, Benoît de son prénom que j'ai choisi de ne pas utiliser pour que le personnage que j'ai dépeint par petites touches maladroites ne soit pas confondu avec l'être réel, charnel et pensant. Lui-même aurait sans doute vu les choses d'une toute autre manière et par extension ne les aurait pas contées ainsi - par flexion non plus, d'ailleurs. C'est également lui qui initial l'idée du voyage. Lui qui sut rebondir quand perdu dans les hautes sphères de mon indécision je ne savais ni où aller ni que dire. Lui qui eut l'idée de me faire jouer de la guitare dans une voiture, toute Fiat Ulysse soit elle. Si j'affirmais que c'est aussi lui qui a permis au soleil de briller chaque jour on m'accuserait à raison de tomber dans l'éloge ou la flagornerie. Ce d'autant plus que Le_neptunien n'aimant pas la chaleur n'aurait jamais eu l'idée saugrenue d'un ciel sans nuages ! Ce récit lui est dédié...attention, il n'est pas mort, hein ! Peut-être est-il frappé d'apoplexie en lisant mes imbécilités mais je décline toute responsabilité, il était prévenu.

Dans cette histoire il ne faudrait pas oublier le rôle prépondérant joué par Ulysse sans laquelle le voyage nous aurait pris un temps bien plus considérable qui aurait de loin outrepassé les congés du Neptunien - oui, y en a qui bossent. Ulysse fut fidèle compagne et si je lui ai donné forme presque humaine tout au long du récit c'est que dans les récits moyenâgeux les cheveux étaient quasiment personnifiés, je ne vois pas pourquoi il n'en serait pas de même pour les voitures.

Remercier l'Angleterre serait tomber dans une grandiloquence coupable. Remercier les touristes, les serveuses et serveurs, les laveurs de pare-brise, les gérants de musée, tous les malheureux de la garde royale pris en photo par toutes les béatitudes humaines du monde et contraints par 32° au stoïcisme flegmatique pour perpétuer la tradition; les plages anglaises, la démocratie représentative et ses monuments, Nelson et Napoléon désormais copain comme cochons cadavériques sous l'arche malléable de l'histoire...Oui, remercier tout cela viendrait peut-être à l'esprit d'une personne un brin arrangeante. Si je ne le ferai pas c'est par manque de place et de temps et parce que la litanie annuelle des remerciements bidons aux Césars suffit à atteindre le quota d'hypocrisie enrubannée de bons sentiments.


Y aura t-il un supplément au voyage de Tezorc Irtimid ? C'est fort peu probable: je ne vois pas comment les os de Diderot pourraient rédiger quoi que ce soit aujourd'hui. Il leur faudrait d'abord sortir du cercueil pour trouver feuille de papier ou tablette numérique et dans ce deuxième cas apprendre à s'en servir. Au vu du temps nécessaire pour les septuagénaires pour apprivoiser l'objet, je n'ose imaginer que l'éternité suffirait pour un multi-centenaire.
Il y aura peut-être en revanche d'autres récits de voyages écrits de ma main, le plaisir pris à rédiger celui-ci suffira comme moteur.

Je finis ce récit deux points. Premièrement, pourquoi ne pas l'avoir écrit en anglais ? Parce que le jour où je partirai en Russie il me sera difficile d'écrire en russe, je garde donc le français comme socle. Deuxièmement, ce jeu de mots: "Pour que meure l'Angleterre il faudrait que la langue l'enterre". Comprenez: les mots sont parfois puissants et assassins et peuvent détruire jusqu'au prestige d'un pays; les miens ne tueront que mon prestige depuis longtemps chancelant et auquel je tiens peu. "God save qui couine !"
 

Retranscription de De Bretagne et d'Angleterre, de Tezorc Irtimid
Présentation et informations : Présentation
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1 commentaire:

  1. Je viens d´avaler sans presque respirer les six chapitres, sans oublier les remerciements et la conclusion. Que dire de ce torrent de mots et de jeux (de mots) ? Ben... que c´est beaucoup plus digeste qu´un british breakfast, que ça ne manque pas de sel, que c´est pimenté de réflexions d´une haute tenue philosophique, qu´on se fiche, hein, d´chiper une indigestion de rire, qu´on constate que l´auteur et son complice avaient la frite, et qu´ils font bien la paire, fi d´Albion. Et qu´à la dégustation c´est long en bouche, avec un puissant arrière-goût de revenez-y. Nous brûlons donc d´y revenir au plus vite. Tropi

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