mardi 29 octobre 2013

Le_neptunien ... en Espagne ! J+58

Et la boucle se boucle mais lui ne se la boucle pas et heureusement : Irtimid !!



Ce matin, un lapin a peut-être tué un chasseur dans les campagnes espagnoles. Je n'écris pas ça parce qu'hier nous vîmes des œuvres de Goya, je sais faire la différence entre la chanteuse à texte et le peintre. Si un lapin a tué un chasseur, c’est qu’il avait un fusil. C’est donc qu’il en a acheté un. C’est donc qu’il avait un permis de port d’armes. C’est donc qu’on le lui a donné. C’est donc qu’un agent de la fonction publique espagnole est de mèche avec les lapins. C’est donc que l’Espagne devrait être envahie par des lapins d’ici la fin 2014. Vous pouvez toujours ricaner, nous vous aurons prévenu, moi et Aristote.

Ce matin était le dernier du chasseur, donc, mais aussi du séjour à Madrid pour Saudie et Myst. C'était donc pour eux le moment de ranger leurs affaires, valises, sacs, et autres gels douches. Un grand moment de sport et d'humanité, et un grand coup de pied dans le préjugé tenace selon lequel les individus de sexe féminin auraient un sens du rangement plus développé. En effet, tandis que les bagages de Myst ainsi que les miens auraient fait pâlir d'envie tout amoureux de l'ordre, ceux de Saudie auraient fait fuir sur ses deux jambes un habitant unijambiste de Capharnaüm. Saudie, Jésus au féminin ? L’hypothèse vaudrait le coup de créer un nouveau courant religieux. Je me propose en toute logique et modestie d’en être le Chef, le Grand Gourou, le Maestro, le Big Boss, le Patron, le Grand Mufti, le Grand Muesli, appelez ça comme vous voulez et profitez-en parce que pour ce qui est de la démocratie je garantis rien. Vous pouvez cependant voter, en commentaire de ce blog, avec le choix suivant : vote pour moi / vote blanc. Le vote blanc, comme en France, n’étant bien entendu pas comptabilisé. Il l’est en Espagne ? Oui, mais c’est moi qui fixe les règles de l’élection, j’en ai eu l’idée, un point c’est tout.

Le_neptunien n’étant pas, lui, en vacances, il avait ses cours habituels en matinée. Nous le rejoignîmes donc près de son école un peu avant midi. En bus, en métro, en fusée ? Oh que non : à pied ! Portant et faisant rouler nos valises, nous trois chevaliers de l’ordre du tourisme cavalâmes de nos jambes déjà meurtries par les promenades piétonnes ou cyclistes. Quelle fougue nous anima, quelle aisance nous eûmes, quelle fière destinée semblait s’inscrire en lettres d’or par-dessus nos têtes bringuebalant avec élégance, quelle splendeur nous donnâmes au français par-delà nos frontières ! Et quel hypocrite je fais, moi qui traînais ma peine inexistante en battant le pavé madrilène avec la discrétion d’un éléphanteau, sans compter le bruit que faisait mon hippopotame. Oui, c’est ainsi que je surnomme mon sac de voyage, auquel je rends hommage car il nous supporte depuis des années, moi et mon désordre Saudien. Ce dernier adjectif, je viens de l’inventer et de le breveter, et 10€ me seront reversés à chacune de ses utilisations. Si je traînais moi aussi mon sac, c’est que je quittai l’Hostal Oliver pour m’incruster 2 nuitées durant chez la logeuse du Neptunien qui a eu la gentillesse de me préparer un lit

Le temps étant plus frais que les jours précédents, cette marche dans les rues et avenues de la capitale eut le mérite de nous garder au chaud. Elle nous permit aussi de croiser une manifestation d’immigrés avec un slogan qui fut traduit approximativement de l’espagnol par mes soins. Mes soins, qui coûtent 10€ eux aussi - je ne vois pas pourquoi les immigrés auraient droit à mes soins gratuits puisque je fais payer tout le monde. Ce slogan, donc : « Immigrés, pas fraudeurs ». Mais, mais, pourquoi donc les exilés français en Suisse sont-ils venus manifester à Madrid ?

Arrivés près de l’école du Neptunien nous y entrâmes et nous y posâmes. Me tournait alors dans la tête une idée de chanson, la faute à Saudie qui a le don de sortir des phrases beaucoup plus rythmiquement organisées que ses bagages. Le_neptunien terminant ses cours sortit comme tous les jours sous la haie d’honneur de ses camarades et de ses professeurs, époustouflés par son talent et par l’absence de fautes d’orthographe sur son blog. Il nous emmena manger des tapas dans un petit restaurant non loin de là, l’Aránzazu, qui n’est pas du tout la propriété de Bixente Lizarazu (ceci est la blague de quelqu’un ayant à la fois commencé et arrêté de suivre le foot en 1998, le temps d’une Coupe du Monde). Un restaurant dans lequel les étudiants de l’EF Madrid ont des réductions. Qu’on se rassure, ce ne sont pas ces viles considérations pécuniaires qui ont justifié le choix de ce restaurant mais bien la qualité des tapas et la proximité.

Proximité, car il fallait ensuite aller jusqu’à l’aéroport pour y larguer Saudie et Myst qui partaient donc retrouver la grisaille francilienne, les klaxons en pagaille, l’incivilité chronique mais aussi un taux de chômage un peu moins important, faut bien compenser. Leur avion devait décoller à 15h45, nous prîmes donc deux bonnes heures d’avance. Un peu plus, au départ, mais comme nous ratâmes lamentablement l’arrêt de bus du Terminal 1 de l’aéroport et finîmes au Terminal 4, il nous fallut récupérer la navette interne de l’aéroport pour retourner au 1. Une ultime péripétie en guise de cerise sur le gâteau pour nos 2 joyeux tourlourous qui partirent le cœur vaillant, léger et plein de soleil, retrouver la grisaille francilienne. Oui, je sais pertinemment que je l’ai déjà écrit. Simplement j’aime retourner le couteau dans la plaie. Et pas que la plaie du chasseur tué par le lapin.

Madrid Barajas est un aéroport parfaitement quelconque. Si tant est que puisse être parfait ce qui est quelconque puisque si quelque chose est parfait, il devient par là même particulier, remarquable au sens premier du terme. Donc pas quelconque. L’expression « parfaitement quelconque » est donc un brin oxymorique. Comme en Oxymorique un petit village Rigaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur - Premierdegréus – mettons que cette expression est malgré tout acceptable et revenons-en, dis-je alors que je suis tout seul, au propos. Madrid Barajas étant quelconque, seuls nos déchirants adieux dont l’évocation m’écorche l’âme autant que le cœur seraient intéressants à conter. Je pourrais ainsi vous citer Gaston Miron qui écrivit « C'est un peu de nous tous en celui qui s'en va et c'est en celui qui naît un peu de nous tous qui devient autre », mais comme personne dans notre entourage madrilène n’est venu au monde cela serait alors hors-sujet. Ce qui signifierait que j’aurais placé cette phrase uniquement comme caution littéraire à ce texte ? Quelle idée !

Dernier des Mohicans aux côtés du Neptunien, nous rejoignîmes son école puis son « chez lui » pour déposer mon hippopotame qui commençait à renâcler autant que mes mollets à forcer de tâter le sol de Madrid. L’après-midi fut donc davantage mis à profit pour repos et flânerie sans but précis que pour continuer la visite de la ville savamment guidée par Le_neptunien.

Le dîner se passa avec la logeuse du neptunien et devant un téléviseur, chose inhabituelle pour moi qui goûte davantage la compagnie des pans de mur. Ces derniers possèdent l’immense avantage de ne pas bouger ni faire de bruit et de laisser ainsi à mon vacarme intérieur toute la place qu’il réclame. Le tout au grand dam de la partie raisonnée de mon cerveau. Toujours est-il qu’à la télévision était diffusé un documentaire anglais, doublé en espagnol, sur la famille royale anglaise, que Le_neptunien commentait en espagnol avec sa logeuse et en français avec moi dans une gymnastique remarquable. Pendant ce temps je m’accrochais à chaque mot prononcé en espagnol comme à une bouée glissante risquant à tout moment de s’échapper de mes mains tendues.

Je ne me noyai cependant pas et cela me permet d’écrire ces lignes en remerciant Le_neptunien de m’avoir prêté, ainsi qu’à nos camarades désormais disparus – de Madrid - un espace sur son blog. Un espace gratuit, donc je ne suis pas responsable, pour raconter toutes mes âneries avec toute la prétention dont je suis capable sans effort, le tout alors que le temps ensoleillé ne se rafraîchit pas assez vite pour gâcher la douceur des journées. ¡ Que felicidad !

4 commentaires:

  1. Je caresse, à défaut d´autre chose, l´espoir que notre cher Irtimid, ébloui par ton exemple, se lance lui aussi dans l´écriture d´un blog. J´aurais ainsi de quoi lire pendant les longues soirées d´hiver qui approchent, et de quoi rire ou sourire malgré la morne grisaille
    Tropi

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    1. Attends son récit de ce jour ! Probablement court mais avec un vrai et grande surprise pour toi !! Quant au blog, je le laisse répondre directement :)

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  2. Je vote pour ! A condition que le nom utilisé soit Grand Schtroumpf :)
    Au fait, "Tourlourous" il est pas breveté celui-là ?
    Sinon, j'attends ta chanson, meme si tu fais ce que tu veux...
    Comme d'habitude un grand bravo pour ton texte et un enorme merci pour m'avoir fait sourir autant là-bas avec tes ânnerie (encore un animal !) qu'ici dans ma grisaille parisienne.

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  3. @Tropianonyme: Il se trouve que je viens de démarrer un blog, encore très en rodage - cliquer sur mon pseudo pour y accéder... Les grands esprits se rencontrent ?
    @Saudie: Disons que "Tourlourous" est libre de droits. La chanson aussi, mais rien que pour toi ! Et c'est plutôt à moi de te remercier de sourire à ces âneries !

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